Une aide psychologique et alimentaire pour les étudiants à Paris

Avec la crise, de nombreux étudiants présentent des signes de détresse psychologique et certains sont dans la précarité. Un centre dédié à ces jeunes vient d’ouvrir à Paris.

Disposant de seulement 400 € par mois depuis qu'elle a perdu son job d'appoint, Zohra s'est tournée vers les Restos du coeur pour survivre.
Disposant de seulement 400 € par mois depuis qu'elle a perdu son job d'appoint, Zohra s'est tournée vers les Restos du coeur pour survivre.

    par Christine Henry

    Un cabas à la main, Zohra (le prénom a été changé) s’engouffre discrètement dans un immeuble haussmannien cossu, 46 rue de Douai, (IX e), à deux pas de la place de Clichy. L’édifice de 4 étages propriété d’un promoteur a été mis à la disposition d’acteurs de l’économie sociale et solidaire et transformé depuis trois semaines en un centre d’aide aux étudiants piloté par la Ville de Paris avec le soutien des Restos du cœur*, Rêves jeunes, chargée de l’accompagnement psychologique, et Nightline, une écoute téléphonique de nuit. Les appartements sont désormais occupés par les associations qui reçoivent le public sur place.

    La jeune femme croise dans le hall des jeunes venus prendre eux aussi un colis alimentaire auprès des équipes des Restos du cœur. « Je ne pouvais pas imaginer qu’un jour, je me retrouverai dans cette situation », souffle la trentenaire venue d’Aulnay sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Quand le couvre-feu a été mis en place en janvier, cette étudiante en gestion d’entreprise à l’université Sorbonne-Paris-Nord (Villetaneuse) a perdu son petit boulot dans une boulangerie. Impossible de survivre avec les 400 € mensuels que lui versent ses parents. « Lorsque j’ai payé mon loyer et mes charges fixes, il me reste 50 €. J’ai beau être économe, je ne m’en sors pas », explique la trentenaire.

    Les équipes du Resto du cœur accueillent les étudiants dans un appartement du rez-de-chaussée transformé en garde-manger aux rayons garnis de fruits, légumes, laitage, miches de pain, produits secs et boîtes de conserve… Souriants, les bénévoles guident les étudiants tout en délivrant de petits conseils diététiques et des astuces pour cuisiner. Zohra, repart avec de quoi survivre pendant la semaine.

    « Les étudiants sont frappés de plein fouet par la crise. Ceux qui viennent pour l’aide alimentaire ont souvent perdu leur emploi ou ce sont leurs parents qui ne peuvent plus les aider financièrement. C’est le cas notamment des étudiants de pays comme le Brésil et le Liban dont les monnaies ont été dévaluées », explique Serge Moutot, chef de projet. Depuis l’ouverture il y a trois semaines, 70 étudiants viennent chaque jour retirer des denrées alimentaires. « On les laisse choisir ce qu’ils veulent tout en les sensibilisant à la nécessité de veiller à équilibrer les repas. On leur donne de quoi préparer neuf repas par semaine », précise le responsable.

    Entretiens avec des psys

    Ce centre propose aussi des entretiens gratuits dispensés par une quinzaine de psychologues bénévoles, les mercredis et vendredis de 16 h 30 à 20 heures**. « Des jeunes sont parfois sur leur écran de 8 h 30 à 19 heures, pour suivre des cours et n’ont pas beaucoup de pauses, explique Magali Campa, chargée de superviser les intervenants. Certains décrochent. Ceux qui se retrouvent en grande précarité retournent chez leurs parents et retrouvent une vie familiale après avoir vécu de manière autonome pendant trois ou quatre ans. Les doctorants se retrouvent dans le vide parce qu’il est difficile de rester en contacts avec leurs enseignants et parfois n’ont plus de ressources. La problématique qui arrive en tête est le stress et l’angoisse liée à la scolarité et à l’avenir professionnel. D’autres souffrent de troubles alimentaires, de problèmes d’endormissement, de migraine et même de pensées suicidaires. On est confrontés aussi à des problèmes de violences sexuelles à la fac, d’addiction aux écrans ou à des traumatismes remontant à l’enfance. » Selon une étude menée à Rennes par l’école des Hautes études de santé publique, un quart des étudiants interrogés présente des symptômes de dépression, près de 40 % des symptômes d’anxiété et plus de la moitié ressentent un sentiment de solitude. « On n’est pas un centre médico psychologique ni un bureau d’aide psychologique universitaire. On est une béquille », insiste la superviseuse. Quelque 50 étudiants sont reçus chaque semaine. En complément du soutien psychologique, les jeunes peuvent être orientés vers des coachs pour préparer un entretien professionnel et prendre des cours de yoga ou de sophrologie, le tout en distanciel. Ce projet original prendra fin le 31 juillet.

    * Inscription au préalable sur le site inscription-douai@restosducoeur75.

    ** Prendre rendez-vous sur la plate-forme reves-jeunes.com

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