Statisticien, un bac+5 très courtisé

Les entreprises ont un énorme besoin d’experts capables d’analyser et d’exploiter leurs données informatiques. Pratiquement plus aucun domaine ne néglige la multitude de données. Un métier stratégique.

Statisticien, un bac+5 très courtisé

    La génétique, la santé, les sciences humaines, l’industrie… Pratiquement plus aucun domaine ne néglige la multitude de données auxquelles le « big data » permet d’accéder, conséquence d’une société toujours plus informatisée.

    Pour les différents secteurs économiques, l’analyse et l’exploitation de ces éléments sont logiquement devenues un enjeu majeur permettant d’anticiper, de prévoir et de simplifier les décisions stratégiques.

    Seulement voilà, transformer cette matière brute en information compréhensible n'est pas à la portée de tous. C'est là qu'intervient le statisticien, ou data scientist, un professionnel particulièrement recherché. « Le taux d'insertion pour le millier de jeunes diplômés annuel est de 100% huit mois après la fin des études », se félicite Jean-Michel Poggi, président de la Société française de statistiques (SFDS).

    De plus en plus d’offres d’emploi

    Preuve de la bonne santé du secteur, les offres de stage et d'emploi affluent sur les portails des écoles spécialisées. L'explication ? « Comme il y a de plus en plus de données accessibles, il y a un besoin croissant de compétences pour en extraire les infos essentielles », précise Pascal Chevalier, directeur de l'Ecole nationale de la statistique et de l'analyse de l'information (Ensai). Car le rôle du statisticien va bien au-delà de la simple collecte de données : il se doit d'y apporter une valeur ajoutée.

    « Le métier s'apparente à celui de journaliste, il est censé répondre à une problématique en amont et rendre cette interprétation accessible à son client en aval. A la différence près qu'il ne traite pas de l'actualité mais des chiffres », illustre Magali Denotes-Mainard, chef du département valorisation des ressources humaines à l'Insee.

    « Un taux d’insertion de 100% huit mois après la fin des études »

    Si, selon Jean-Michel Poggi, « il n'y a pas, par définition, de voie royale qui mène à l'emploi car tous les profils trouvent preneur», les postes plus attractifs sont généralement réservés aux lauréats des grandes écoles type Ensai ou Ensae (Ecole nationale de la statistique et de l'administration économique) et, à un degré moindre, aux titulaires de master statistiques et économétrie. Ces écoles, qui recrutent principalement des élèves issus de classes préparatoires scientifiques (sur concours) sans pour autant fermer la porte aux adeptes de la filière universitaire (grâce à des admissions sur titre), délivrent un diplôme équivalent à bac + 5 après un cycle de trois ans.

    A l'image du fonctionnement des écoles d'ingénieurs traditionnelles, la sélection s'opère principalement à l'entrée. « Les bases scientifiques requises sont élevées et doivent s'accompagner d'une capacité d'analyse conséquente », appuie Julien Pouget, directeur de l'Ensae.

    Bien que la plupart des diplômés optent pour des carrières dans l’ingénierie tertiaire — « 40% de nos élèves vont vers le secteur des banques et assurances; vient ensuite celui du commerce et de la grande distribution, où se dirigent 20% de nos lauréats », estime Pascal Chevalier —, le public n’est pas en reste : une grosse vingtaine d’administrateurs et une cinquantaine de cadres intègrent chaque année le domaine de la statistique publique, pour le compte d’instituts nationaux ou de ministères. Pour les candidats, il convient de passer le concours de fonctionnaires à l’entrée des écoles, et la formation ne dure alors que deux ans. Si le salaire est un peu moins élevé à la sortie (33000 € brut annuel pour un administrateur contre 36000 € hors prime pour un ingénieur statisticien débutant dans le privé), cette voie offre toutefois un avantage de taille : l’étudiant est rémunéré durant sa formation environ 1700 € brut par mois.

    TEMOIN « Nous optimisons les performances des entreprises »

    Delphine Orro-Détraz, 28 ans, consultante statisticienne chez Bluestone ( Paris IXe)

    Delphine Orro-Détraz ne conçoit pas la statistique comme le simple fait de recueillir, trier et traiter des données mathématiques. Selon elle, la fonction du statisticien se révèle beaucoup plus concrète : « Nous subvenons aux besoins des entreprises après les avoir identifiés, en leur permettant de mieux comprendre les désirs de leurs clients, de mieux positionner leurs produits sur le marché, de gérer plus efficacement leurs risques financiers et d’optimiser leurs processus de production, grâce à une exploitation opérationnelle de leurs données », explique la jeune femme de 28 ans.

    « Mieux positionner les produits sur le marché, améliorer le processus de production, etc. »

    Après une licence et un master 1 de maths, elle intègre l'Institut de statistiques Isup rattaché à l'université Pierre-et-Marie-Curie à Paris, dont elle sort diplômée en 2009, avant d'être embauchée en tant que chargée d'études à l'Institut national des études démographiques (Ined). Au terme de son contrat, elle obtient un CDD chez GDF Suez — « J'avais pour mission de piloter les centres d'appels et d'optimiser les prévisions d'appels journaliers » — puis décroche un CDI au sein du cabinet Bluestone en 2011. Rémunérée environ 40000 € brut annuel, elle a notamment pour rôle de répondre aux problématiques liées à la gestion de relation client des entreprises, « qui ont besoin de données fiables et d'indicateurs pertinents afin de piloter leurs actions marketing », précise-t-elle. Après être intervenue auprès de GDF Suez (cette fois comme consultante externe) puis de la SNCF, elle travaille actuellement auprès d'un opérateur de transport.

    « J’apprécie particulièrement la variété des problématiques rencontrées

    . Pour la SNCF, je travaillais sur la mise en place d’un indicateur d’affluence des voyageurs sur le réseau francilien. Cette fois, j’interviens sur un projet de pilotage de la performance commerciale.

    Ces expériences sont aussi l’occasion de collaborer et d’échanger avec les experts métiers de ces différentes sociétés.

    » Preuve qu’en plus de posséder les compétences scientifiques un bon statisticien doit savoir travailler en équipe.

    En savoir plus

    À CONSULTER

    Le site de L’Ensai

    : www.ensai.fr.

    Le site de l’Ensae

    : www.ensae.fr/.

    Le site de l’Insee

    : www.insee.fr.

    Le site de la Société française de statistiques

    :www.sfds.asso.fr/.

    À LIRE

    « Les Métiers de la statistique »

    , Onisep, 2011, 32 pages. 5 €.

    « Exercices d’économétrie et d’analyse de données »

    , de Philippe Casin, Ed. Technip, janvier 2013, 208 pages. 18 €.

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