Résidences étudiantes : « Il fallait s’intéresser à ce que veulent les étudiants »

Rencontre avec un nouvel acteur du logement étudiant : les résidences étudiantes Kley qui pomettent plus de services et du co-living... explications !

Résidences étudiantes : « Il fallait s’intéresser à ce que veulent les étudiants »

    Créé en 2014 par le fonds américain Oaktree capital, le groupe Kley installe progressivement ses résidences étudiantes nouvelle génération. Son dirigeant, Jean-Baptiste Mortier, ne veut pas s’arrêter là.

    Propos recueillis par Virginie De Kerautem

    Pourquoi vous intéressez-vous aux résidences étudiantes ?

    J’ai constaté que ces logements étaient des espèces de clapiers de 12m 2 vendus depuis 30 ans à la découpe, défiscalisés pendant neuf ans et pas entretenus. Début 2017, on a ouvert trois résidences à Caen, Toulouse et Angers, toutes occupées à 100 % dès la rentrée. Pareil pour celles ouvertes en 2018 à Marseille, Rennes et Paris-Saclay. Il fallait changer de modèle et s’intéresser à ce que veulent les étudiants, devenir propriétaire des murs, entretenir les bâtiments, séduire les élus. Ces concepts existent depuis 20 ans à l’étranger. On est à la traîne.

    A quoi ressemblent vos résidences ?

    On n’est pas trop comparable aux autres. En plus des chambres, on a des espaces communs conviviaux et chaleureux : du coworking, un salon… On propose aussi une gamme de services dont un coach sportif, des séances de job dating avec les entreprises du coin pour trouver des petits boulots. L’étudiant a des moyens limités, il est donc inutile de vouloir faire du chiffre d’affaires sur les services annexes. Enfin, on met 3 à 5 personnes par résidence pour la gestion quotidienne.

    Vos studios ont quelle surface ?

    La taille moyenne chez nous, c’est 18,5 m 2. Chacun a sa salle de bains, ses toilettes, sa kitchenette. Dans un appartement proposé en colocation, les chambres mesurent 14 m 2 minimum. A Toulouse, il y a 30 à 40 % d’étudiants internationaux. Si on veut leur offrir un logement qui correspond à leur façon de vivre, il faut des grandes colocs. On a fait tout un bâtiment de T9, soit huit chambres et un très grand espace commun. Globalement, on a environ 1,2 m 2 d’espace commun par lit. En plus de la construction, on fait aussi de la réhabilitation d’immeuble, comme à Marseille et Gentilly, si bien que les chambres peuvent avoir des tailles différentes.

    Vous visez les campus ou les centres-villes ?

    Nous avons les deux. A Marseille, on est en centre-ville et à Rennes, notre résidence est sur le campus télécom. A Angers par exemple, on a une résidence sur le campus de l’Esca et une deuxième dans le centre. On va faire pareil à Amiens. Ainsi, nous réussirons à mailler le territoire.

    Combien possédez-vous de résidences ?

    Deux ouvrent en janvier à Gentilly et Gennevilliers, ce qui fera 9. De 2 800 lits fin 2019, on va passer à 5 000 en 2021 et 7 000 en 2022.

    L’espace, les services, le confort, ça coûte cher…

    D’abord, les étudiants ont les allocations logement (NDLR : dont le montant varie selon les ressources, l’emplacement, le statut…). Avant de définir le loyer, on regarde combien ils paieraient s’ils se logeaient dans un studio équivalent ou dans une résidence concurrente autour. On se positionne sur la moyenne de tout ça. Nos loyers sont toutes charges comprises : électricité, wi-fi, eau, services hors laverie. A Marseille, c’est autour de 460 € par mois. A Saclay, on est plutôt entre 680 € et 720 €.

    C’est rentable ?

    Oui, avec des charges opérationnelles supérieures aux autres du fait des services que nous proposons et du personnel employé sur place. Nous serons probablement plus rentables que les autres à Angers car on construit une deuxième résidence, avec des synergies entre les deux. Mais je ne souhaite pas communiquer nos chiffres.

    La concurrence est-elle forte ?

    C’est un marché qui compte actuellement 90 000 lits privés (NDLR : hors résidences du Crous) pour les étudiants en France alors qu’ils sont 2,8 millions. A nous de participer à leur réussite en leur louant un lieu confortable, sécurisé… Si d’autres offrent la même chose, c’est très bien. Clermont-Ferrand par exemple compte 10 résidences de 80 lits pour plus de 30 000 étudiants. Je trouve scandaleux que les élus et les grands groupes n’aient rien fait. C’est pour ça qu’on a visé cette ville, Reims, Amiens, Angers… On n’y voit pas beaucoup de concurrents. On serait content d’être aussi dans les métropoles comme Lyon, Bordeaux ou Nantes mais plutôt sur un modèle de co-living.

    C’est-à-dire ?

    C’est un nouveau produit dédié aux jeunes actifs sous le nom de Kley Urban Village. Le constat est le même que pour les étudiants : il existe un monstrueux déficit de logements pour ces jeunes, de 25 à 35 ans. On a pensé les faire vivre en communauté (lire ci-contre).

    Et faire vivre plusieurs générations ensemble ?

    C’est une tarte à la crème. Faire habiter mon père de 80 ans avec des étudiants ? Je n’y crois pas. On peut faire de la mixité mais certaines choses ne marchent pas. Cela dit, ma finalité pour le groupe est de gérer tous ces moments de vie, savoir dans quoi veulent vivre tous ces locataires, y compris les seniors. Ce sera l’étape d’après, dans deux ans.

    Virginie De Kerautem

    Article issu du Parisien Economie du lundi 9 septembre 2019

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