« Apprendre à oser » : rencontre avec Peter Todd, directeur général de HEC Paris

Interview de Peter Todd, directeur général de HEC. Un an après son arrivée à la tête de HEC, Peter Todd dresse un premier bilan, à l’occasion de la signature d’un accord avec la plate-forme en ligne Coursera.

Peter Todd, directeur général de HEC
Peter Todd, directeur général de HEC

    Un an après votre arrivée, quel regard portez-vous sur les écoles de commerce françaises ?

    Les grandes écoles de commerce françaises sont clairement des porte-drapeaux de l’enseignement supérieur français à l’international. Elles ont su anticiper les grandes évolutions de notre monde et s’adapter aux besoins des étudiants et des entreprises, tout en internationalisant leurs formations pour proposer une offre désormais mondialement reconnue.

    Le développement à l'international du Master en Management, construit sur le socle très solide du programme grande école, est en quelque sorte l'emblème de cette réussite. Il s'agit là d'un nouveau standard pour l'enseignement supérieur en management qui est en train de s'imposer au niveau mondial, aux côtés du programme MBA. Ainsi, un modèle, champion national, devient une référence mondiale. Nous sommes très fiers à HEC d'avoir ainsi contribué à ce développement et cette reconnaissance… et comptons bien poursuivre encore plus nos efforts en ce sens !

    Avez-vous atteint vos objectifs ?

    Si nous avions déjà atteint nos objectifs, ils n’auraient certainement pas été assez ambitieux !

    Nous avons, avec le Conseil d’administration de l’école, l’équipe de direction qui m’accompagne, la Fondation HEC, l’Association des Alumni et l’ensemble de la communauté HEC, une ambition très grande. L’objectif principal que nous nous sommes fixé, celui d’inscrire durablement HEC parmi les toutes meilleures business schools au monde, nécessite le déploiement méthodique d’une stratégie ambitieuse, qui vise à renforcer nos fondamentaux, c’est-à-dire les forces qui nous ont portées au niveau actuel, tout en menant des actions fortes dans les trois domaines stratégiques que sont l’impact social, l’entrepreneuriat, et le digital.

    C'est ainsi que nous avons lancé, ces derniers mois, d'importantes initiatives pour l'amélioration du service aux étudiants. Nous avons notamment consolidé notre service carrières, dispositif fondamental pour le placement de nos étudiants, en renforçant nos équipes et en internationalisant encore plus les services associés. Les infrastructures du campus ont également évolué favorablement : un nouveau learning centre, collaboratif et digitalisé, a vu le jour en fin d'année dernière, et est désormais accessible aux étudiants 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Des travaux de rénovation des résidences étudiants sont en cours et certains bâtiments sont déjà intégralement rénovés. D'autres améliorations sont actuellement à l'étude, car des besoins se dégagent clairement pour exister avec des standards internationaux de très grande qualité : de nouvelles résidences, des espaces collaboratifs, des lieux d'apprentissage modernes sont autant de prérequis que nous nous devons d'honorer si nous souhaitons poursuivre notre développement.

    De grandes réalisations ont été également accomplies sur le plan académique. Notre centre Society and Organizations (SnO), qui fédère une quarantaine de professeurs chercheurs, a organisé ces derniers mois des événements majeurs tels que la conférence internationale Finance for Good ou la Social Business Conference mobilisant des milliers de participants et d’intervenants, parmi lesquels Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix, ou Emmanuel Faber, Directeur Général de Danone. Du côté de nos initiatives liées à l’entrepreneuriat, notre incubateur rejoindra Station F, le plus grand campus de start-up au monde, et permettra d’accueillir plus de 170 incubés HEC ! Enfin, un Centre du Digital a vu le jour en 2016 et déploie son action pour soutenir l’entrepreneuriat digital et accompagner la transformation numérique des entreprises.

    Plus largement, nos grandes écoles de commerce sont-elles toutes de taille mondiale ?

    Si on raisonne strictement en termes de taille, HEC est largement dans les standards internationaux. HEC forme chaque année plus d’étudiants que la Harvard Business School. La question fondamentale est plutôt qualitative : les grandes écoles de commerce, pour pouvoir exister au meilleur niveau, doivent déployer un puissant potentiel en termes de recherche académique, pratiquer un recrutement d’étudiants diversifié tout en étant très sélectif, accueillir dans des infrastructures de très bon standing avec une qualité de service irréprochable. Tout cela pour leur fournir un environnement et un enseignement qui leur permettra d’avoir un impact positif dans leurs organisations et dans la société. Le plus difficile est de mener toutes ces missions dans le même temps. Mais je suis confiant dans la capacité des écoles de commerce française à réussir ce défi.

    Que change, pour HEC, la signature d’un accord de déploiement d’une formation de haut niveau avec Coursera ?

    Cet accord marque le début d’une transformation profonde pour l’enseignement et la pédagogie tels que nous les pratiquons à HEC. Il ne s’agit pas d’une disruption qui remplace immédiatement nos modes de fonctionnement actuels, mais plutôt d’une évolution qui offre de nouvelles opportunités pour transmettre notre expertise à un public encore plus diversifié, encore plus large.

    Notre devise est Apprendre à Oser : c’est ce que nous avons fait et continuerons à faire

    . Le Digital est à la fois un vecteur extraordinaire pour impulser cette audace et un élément majeur qui déterminera notre futur et l’avenir de l’enseignement supérieur. À HEC nous avons décidé d’ouvrir cette voie plutôt que de la subir, afin de stimuler nos modes d’enseignement et d’accompagner cette dynamique de la transformation digitale de notre société.

    Vous avez pris la direction de HEC avec l’ambition notamment de renforcer le fundraising auprès des partenaires et des entreprises. Où en est cette ambition ?

    Le fundraising est désormais une composante importante pour le développement de l'enseignement supérieur en France. Nous avons été précurseurs dans ce domaine, en lançant des initiatives fortes, comme la très belle campagne 2008-2013, où plus de 7 500 donateurs se sont mobilisés pour le développement de l'école. Nous préparons en ce moment, avec beaucoup de motivation, notre prochaine campagne, qui aura pour but de soutenir la transformation d'HEC avec des projets porteurs autour de l'entrepreneuriat, du digital et de la responsabilité sociale. Il s'agira également de soutenir l'évolution de notre campus qui intégrera de façon plus marquée la dimension digitale, collaborative et internationale avec laquelle nous vivons aujourd'hui.

    Quels sont vos rapports avec le corps professoral plutôt habitué à un management franco-français ?

    Les 2/3 de nos professeurs sont internationaux. De la même façon, les meilleurs professeurs français sont courtisés par les meilleures institutions à l’international. Ils évoluent dans un marché très globalisé. C’est à nous de créer un contexte favorable, dans lequel ils puissent réaliser leur potentiel en termes de recherche et exceller dans leurs enseignements.

    Votre gouvernance, à savoir la CCI Paris Île-de-France, vous laisse-t-elle la liberté nécessaire pour disposer de l’agilité nécessaire pour le recrutement, la stratégie ou encore les investissements ?

    Nous venons tout juste de finir notre première année sous le nouveau statut EESC. On peut dire, je crois, que cette année a été une réussite collective. La CCI a toujours été à nos côtés, de même que la Fondation et l’Association Alumni. Nous avons un Conseil d’administration très dynamique, présidé par Jean-Paul Vermès, et composé de membres très expérimentés et très internationaux. Cela est fondamental pour donner une orientation stratégique à long terme pour le développement de l’école. Cette autonomisation voulue par l’adoption du statut d’EESC donne une agilité pour être plus réactifs et proactifs sur un marché international de plus en plus concurrentiel. C’est dans ce contexte, entre autres, que nous développons et lançons notre Online Master’s in Innovation and Entrepreneurship (OMIE) en partenariat avec Coursera, dans des délais particulièrement serrés.

    Recruter des professeurs de très haut niveau entraîne une hausse des salaires. Cette inflation est inévitable dans nos grandes écoles ?

    La rémunération est une chose et, effectivement, attirer les meilleurs profils d’enseignants-chercheurs a un coût. Mais il faut également savoir créer le contexte pour que ces profils puissent enseigner et mener leur recherche dans les meilleures conditions possibles. C’est un facteur d’attractivité certain, au-delà de toute considération salariale.

    Avez-vous pris le temps d’échanger avec vos homologues français ? Qu’en retenez-vous ?

    Je dois dire que j'ai eu, à mon arrivée, un accueil remarquable de la part de mes homologues. Ces derniers m'ont très vite intégré et transmis quelques clefs pour aller plus vite dans mon action et ma compréhension de cet environnement nouveau. J'ai ainsi eu des échanges fréquents et fructueux avec Jean-Michel Blanquer de l'Essec et Frank Bournois de ESCP Europe. Par ailleurs, ma participation au Bureau de la CGE ainsi qu'aux différentes instances de l'Université Paris Saclay m'offre des perspectives élargies pour appréhender les dynamiques de l'enseignement supérieur français.

    Quand dresserez-vous votre premier bilan ?

    Je dresse des bilans et les partage largement au sein de la communauté HEC à fréquence régulière.

    Propos recueillis par Gilbert Azoulay

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